On doit l’invention du Scrabble® à un architecte américain, Alfred Mosher Butts, né en 1900. Passionné de jeux de lettres et particulièrement d’anagrammes, il se retrouve au chômage en 1929 lorsque le krach boursier de Wall Street ébranle l’Amérique.
Il profite de son temps libre pour réfléchir à un jeu de société qui mettrait à la portée du grand public le jeu des anagrammes, jusque-là réservé aux cercles intellectuels. Il envisage rapidement l’utilisation de 100 jetons, correspondant chacun à une lettre, le nombre d’exemplaires et la valeur de chaque lettre étant déterminés par sa fréquence dans la langue anglaise.
Pour cela, il anayse plusieurs sources dont un dictionnaire et trois journaux : le Saturday Evening Post, le Herald Tribune et le New York Times.
Son premier jeu, « Lexiko » pose ainsi les fondements du futur Scrabble®. Une partie oppose plusieurs joueurs qui piochent chacun sept lettres parmi les 100 disponibles dans le jeu. Chaque joueur doit essayer de former un mot de sept lettres, et s’il n’y parvient pas il peut changer plusieurs lettres. Lorsqu’un joueur parvient à former un mot, il gagne la manche et tous les joueurs piochent sept nouvelles lettres.
La fabrication du jeu est encore artisanale : Butts conçoit lui-même les 100 jetons sur du contreplaqué. Jouant régulièrement avec des amis, il envisage diverses améliorations, notamment l’utilisation d’un sac en toile pour mélanger les lettres, mais cette idée est abandonnée car les jetons en contreplaqué s’usent trop rapidement lorsqu’on les mélange.
Une autre idée consiste à ne plus arrêter une partie dès que l’un des joueurs a trouvé un mot de sept lettres : la partie se poursuivrait jusqu’à épuisement des jetons, avec des mots de longueur progressivement décroissante. Et pourquoi ne pas récompenser un joueur qui arriverait à former un mot en utilisant des lettres peu usitées dans la langue anglaise ? Il suffirait d’attribuer une valeur à chaque lettre ! Butts procède à une nouvelle étude statistique du nombre d’occurrences de chaque lettre dans la langue anglaise, de sorte à leur attribuer une valeur adéquate.
Vient ensuite l’idée de jouer non pas mot par mot, mais en entrecroisant les mots sur une grille de type « mots croisés« , en s’appuyant sur les lettres déjà posées par les autres joueurs. Butts conçoit une grille de 15×15 sur laquelle le premier mot doit être posé sur la case du coin supérieur gauche, et élimine la contrainte de longueur des mots posés. Puis vient l’idée d’associer une dimension stratégique au jeu, en attribuant des particularités à certaines des 225 cases de la grille, faisant doubler ou tripler la lettre ou le mot posé dessus. La répartition de ces cases valorisantes est faite de façon très géométrique, selon une parfaite symétrie.
Bientôt, la guerre éclate et les deux hommes se perdent de vue. En 1946, Brunot réapparaît et obtient en 1948 les droits de fabrication et de diffusion du jeu. Il faut lui trouver un nouveau nom : celui de Lexiko n’étant plus utilisé en raison de sa ressemblance avec le Lexicon, un jeu de cartes également basé sur des lettres, le jeu a été entre-temps renommé « It » (« ça ») puis « Criss Cross Words« . Butts et Brunot rédigent une liste de noms potentiels puis l’envoient à un cabinet d’avocats afin que l’un d’eux soit retenu et déposé comme marque. Sur la liste figurait le mot « scrabble« … Le brevet est déposé en novembre 1948, et le nouveau nom le 16 décembre.
Une société est créée en 1949 pour l’occasion, la Production & Marketing Company (PMC), où travaillent Brunot, sa femme et un ouvrier. Les ventes du Scrabble® sont d’abord confidentielles, mais progressent : 2251 exemplaires en 1949, 4800 en 1950, 8500 en 1951. L’entreprise n’est guère florissante, et même déficitaire, mais chacun croit en l’avenir du produit.
Un extraordinaire coup de pouce du destin survient en 1952 lorsque Jack Strauss, le président du Macy’s, le plus grand magasin de New York (et même du monde !) découvre le jeu durant ses vacances et s’étonne, à son retour, de ne pas le trouver en stock dans ses rayons. Une énorme commande est passée à la PMC, et le Scrabble® devient rapidement le jeu à la mode dans tous les Etats-Unis ! La vague s’étend même à l’Australie et la Grande-Bretagne, sous l’impulsion de la société J.W. Spear & Sons.
La PMC doit s’agrandir pour répondre à la demande. Mais même avec 34 employés désormais, la société à du mal à faire face à l’afflux des commandes, il faut donc trouver des partenaires commerciaux et industriels. Ce sera d’abord la Cadaco-Ellis Company pour une version économique du Scrabble® nommée le « Skip-a-Cross », puis Selchow & Righter (S&R) pour la fabrication du jeu standard dans ses usines, la PMC se cantonnant à l’édition d’une version « de luxe ».
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La Fédération internationale de Scrabble® francophone (FISF) a pour mission principale de promouvoir la pratique du Scrabble® en langue française.