Qu’est-ce que c’est chouette, le jour du départ ! Le sac est enfin bouclé, la maison à peu près en ordre, et l’on savoure la dernière heure, celle où il ne reste plus qu’à attendre que ce soit l’heure en buvant son dernier café.
L’avion, un magnifique Air Bus d’Air France, décolle à 16 heures. J’ai le temps de traîner un peu dans les boutiques de l’aéroport, d’un luxe inouï, offrant à la tentation tout ce que la France a soit disant de plus représentatif : la gastronomie Hédiard (à 6,5 € le petit sandwich au thon, dont je décide de me priver au profit d’un Kitekat plus raisonnable !), les parfums et cosmétiques, les produits régionaux, etc. Les vitrines de notre beau pays offrent aux touristes l’image d’un paradis où tout est possible. J’imagine ce que doit ressentir l’immigré mauritanien quand il débarque et que, quelques heures après, il se retrouve dans une chambre de 10m2 au foyer Sonacotra où il est attendu ! Bon, ne commençons pas à philosopher, ou à sociologiser tout le temps, et mettons nous dans la peau des vacances !
Le vol est assez turbulent dès que nous sommes au niveau du sud ouest français, rappelant que nous sommes en des jours de tempête de vent après avoir subi des jours interminables de froid glacial. C’est un vol Air France. Service impeccable, projection du dernier Woddy Allen, un peu plus classe que ce dont j’ai l’habitude.
Nous atteignons Nouakchott après 5 heures de voyage. Il fait nuit et 23°C. Aussitôt débarquée de l’avion et sans avoir encore ni récupéré mes bagages ni franchi la douane, quelqu’un m’interpelle : « Nadine ! ». Suis-je connue ici comme le loup blanc ? Non pas vraiment, mais attendue, oui. Mes hôtes s’emparent de mon passeport et, comme par miracle, je me retrouve sortie de l’aéroport sans avoir rempli aucun papier. Madame maire d’un quartier de la ville est là elle aussi. Je salue, en évitant de serrer les mains des hommes, comme j’ai lu qu’il ne fallait pas le faire dans le guide du Routard, sans lequel je ne serais rien dans ce monde !
Il y a là Moulaye Zein qui sera mon guide durant tout le voyage, Jacob, un sénégalais qui assure la communication du Scrabble, Keba que j’ai rencontré à Dakar lors des championnats du monde, Ely, mon correspondant chargé de préparer le Rallye, et Aly dont j’ignore encore la fonction, et peut-être d’autres encore que j’ai oubliés et auxquels je demande par avance de m’excuser…Madame la Maire a prévu pour moi un véhicule de tourisme pour Nouakchott avec chauffeur, et un 4X4 pour me déplacer dans le pays. Je suis également logée par ses soins dans un hôtel du centre ville, mes hôtes n’ayant pas jugé bon de me laisser aller dans l’auberge du Routard où j’avais réservée. Là sont les bonnes surprises de l’Afrique, comme les mauvaises d’ailleurs. On ne sait pas grand-chose avant d’en avoir fait l’expérience et c’est sur le moment que l’on découvre la sauce à laquelle on va être mangée. Mais, miam ! A Nouakchott la surprise est bien bonne.
Nous nous rendons chez Keba pour un dîner que sa femme nous a préparé. Dans une immense salle à manger couverte de tapis le repas qui nous est servi est somptueux ! Plateaux de crudités savamment présentées, dattes à la crème, mouton grillé, fruits frais. Nous sommes assis sur le sol et la conversation est agréable, faite d’évocations de tout et de rien, sur la Mauritanie ou la situation internationale. Nous buvons du thé vert (trois théières sont de rigueur) et des jus de fruits maison : du « pain de singe » fait avec le fruit du baobab, du jus de gingembre et du bissap, probablement issu de la grenade tant son goût rappelle celui de la grenadine. Deux adorables bambins courent parmi nous. Ce sont les fils de Keba, qui m’explique t-on, comme tous les enfants mauritaniens, ne se couchent que lorsque les parents sont eux-mêmes couchés. Des enfants roi, qu’il n’est pas bien vu de soumettre à des règles trop strictes, enfin du moins pour les petits garçons. Car les filles, et la maman d’ailleurs, sont invisibles. Elles préparent les mets à la cuisine et nous servent ! Il se pourrait bien qu’elles aient envie d’aller bientôt se coucher !
Je ne vois pas grand-chose de la ville pour cette première nuit. Les rues sont très désertes. Le sable est déjà partout, annonciateur de ce désert dont j’ai tellement envie ! Ma chambre est spacieuse et confortable. Je dors comme un bébé sous ma moustiquaire.