C’est le chant du muezzin qui me rappelle à 6 heures où je suis. Mais je laisse encore bien longtemps le chant se poursuivre et s’éteindre avant de me rendormir.
Une réunion est prévue en soirée, et j’ai quartier libre pour la journée. Moulaye Zein vient me chercher à 10 heures pour visiter la ville. Grande conversation avec le serveur du restaurant dans une immense salle carrelée et vide. Je sais vite tout de sa vie et de sa décision de rester célibataire car, les mauritaniennes, d’après lui, ne savent pas aimer ! Il connaît Marseille, par quelqu’un de sa famille, qui lui a raconté. Et il évoque comme si il y avait été lui-même la place Felix Piat, la Ciotat, le Vieux Port. Cette ville a en Afrique et dans cette partie du monde seulement la réputation qu’elle mérite. Il suffit de dire que l’on est originaire de Marseille pour que les gens sourient. Il n’est pas encore 10 heures du matin que le serveur m’a déjà invité à dîner chez lui !
Moulaye est à l’heure. Moulaye dit lui-même que de ce point de vue, il n’est pas africain ! Nous allons sur le marché Capitale changer de l’argent au noir. Il est encore très tôt et ce n’est pas l’affluence, mais je m’émerveille devant les bazins magnifiquement colorés qui sont étalés sur le sol. C’est un dédale de boutiques et d’étal hétéroclites. Le vendeur au noir nous rejoint quelque part, et le change se fait en plein milieu de la rue et entourés de badauds qui savent bien que l’on aura aussi besoin d’acheter du crédit téléphonique ! Voilà qui est fait. La monnaie mauritanienne est l’ouguyia que seuls les scrabbleurs de bon niveau connaissent !
Le chauffeur nous conduit ensuite sur le marché aux poissons installé au bord de la plage. Une des plages les plus longues du monde, avec plus d’un millier de kilomètres du sud du Maroc jusqu’au Sénégal ! Le temps est assez couvert, mais le soleil arrive de plus en plus à filtrer au cours de la journée. Il fait plutôt frais, mais bon. Les pirogues à cette heure sont déjà en mer. On les voit près de la côte, leur profil tout effilé dans la lumière. Il suffit de passer une petite barre pour se retrouver ici dans les eaux les plus poissonneuses du monde ! En ce moment c’est la saison du loup. Les pêcheurs lancent de grands filets qu’il leur suffit ensuite de traîner sur la plage. C’est une scène magnifique ! Les pirogues rangées les unes contre les autres sont toutes décorées de motifs de couleur. Ici, un charretier avec son petit âne. Là, une chèvre. Et des gens, des femmes qui lavent les poissons, des hommes qui les trient en deux tas en les jetant à terre sous le regard d’une foule de badauds. Il y a là des chambres frigorifiques impressionnantes, car la Mauritanie est un des plus gros exportateurs de poisson du monde. Les prix sont ahurissants : 3 € pour un énorme bar par exemple… Il faudra que je revienne en soirée à l’heure où les pirogues rentrent sur la plage, d’autant plus que la batterie de mon appareil photo, comme d’habitude, me lâche au meilleur moment !
J’offre à Moulaye et à Jacob un déjeuner dans un des seuls hôtels situés sur la plage de Nouakchott. La Mauritanie ne fait rien pour exploiter la magnifique manne touristique qui est la sienne avec ce littoral. Pas très envie dans cette république islamique de voir débarquer les touristes occidentaux dans leurs bermudas et leurs bikinis ! Je les comprends ! La daurade grillée servie sous une paillote à même la plage est excellente. Mais bien chère ! Il va falloir éviter ce genre de lieu à l’avenir… Mais le soleil est un bonheur après ces mois d’hiver que nous avons connus, l’air est doux, la plage quasiment déserte si bien que l’on entend parfaitement le roulement des vagues.
La réunion qui devait avoir lieu à 17 heures est reportée à 20 heures. OK ! L’atmosphère ici ne donne pas envie de stresser.