Patrice Jeanneret, président de la FISF, a tenu à expliquer, en toute transparence, l’esprit de ses propos tenus au cours de la retransmission en direct du championnat du monde par paires 2017 à Martigny.

Propos tenus en direct par Patrice Jeanneret lors de la finale du championnat du monde par paires 2017 : explications et réflexions

Chères amies et chers amis scrabbleurs,

En effet, la retransmission en direct comporte une multitude d’avantages, mais également d’autres aspects qu’il nous faut apprendre à gérer. Je me suis donc exprimé en direct, sans m’en rendre compte, et ai tenu des propos qui ont été analysés et critiqués par quelques-uns d’entre vous sur les réseaux sociaux. Je ne peux que reconnaître avoir tenu ces propos et présente mes plus sincères excuses aux personnes dont la sensibilité a été heurtée.

Je tiens, cependant, à apporter quelques explications et réflexions, que des propos aussi succincts ne peuvent avoir laissées transparaître.

Depuis 2015, nous avons accueilli un champion surdoué en la personne de Nigel Richards qui, sans maîtriser notre langue, s’est imposé en classique (2015 à Louvain-la-Neuve) et cette année lors des trois compétitions de Duplicate auxquelles il a pris part : Blitz, Paires et Élite.

Buzz médiatique à la clé, mais aussi pour moi-même, un grand nombre de licenciés, champions et autres, qui sont venus s’enquérir de la légitimité de la participation du joueur néozélandais aux épreuves des championnats du monde de Scrabble francophone.

J’ai, à chaque fois, tenu le même langage : chaque pays non-membre de la FISF a le droit d’aligner un maximum de deux joueurs, disposition confortée par le fait que Nigel Richards est enregistré au sein de la WESPA, l’équivalent de la FISF au plan anglophone.

En ce qui concerne la formule utilisée « va-t-il se désintéresser de nous ? », je m’interrogeais sur le fait qu’ayant atteint tous ses objectifs dans le cadre du Scrabble francophone, Nigel Richards chercherait à s’en offrir de nouveaux dans d’autres langues, voire d’autres domaines. N’ayant pas la prétention d’être spécialisé dans l’analyse de personnes dotées de capacités largement au-dessus de la moyenne, cette interrogation me semblait légitime.

En parallèle, j’ai en effet parlé de la frustration de certains de nos champions et je pense qu’il ne faut pas se voiler la face, puisqu’il s’agit d’une réalité qui m’a été exprimée à de très nombreuses reprises. Toutefois, comme l’a relevé Florian Levy dans l’un de ses commentaires, une telle situation pourrait être induite également par un champion ou une championne surdoué(e) qui serait en même temps membre de l’une des fédérations ou associations membre de la FISF et qui, de plus, serait parfaitement à l’aise dans la pratique de la langue française.

La question est donc posée : quid des réactions qui en découleraient ?

Le parallèle dressé avec la participation d’athlètes féminines « androgynes » lors des derniers championnats du monde d’athlétisme qui se sont disputés à Londres, notamment dans les épreuves de demi-fond, ne relève absolument pas d’un comportement « xénophobe » de ma part. Ceux qui me côtoient depuis de nombreuses années sont là pour en témoigner.

Plusieurs chefs de délégation ou entraîneurs se sont interrogés sur la participation de ces athlètes dans les catégories féminines classiques, et les textes officiels de l’IAAF qui traitent des conditions de participation n’ont pas anticipé ce genre de problématique.

Il en découle qu’une fois confrontée à cette situation complexe, une fédération autrement plus puissante que la FISF se trouve aussi désarmée que nous dans la recherche d’une solution pouvant satisfaire tout le monde. Je vous invite donc à analyser mes propos sous ce seul aspect et non pas comme des propos « xénophobes » à l’encontre de ces athlètes dites « androgynes ».

Cela étant dit et pour calmer les débats, je tiens à préciser que nos champions ont également élevé leur niveau de jeu et, surtout en ce qui concerne le déroulement du championnat du monde en paires, nous nous sommes retrouvés avec pas moins de 7 paires au « top » au terme des quatre manches qualificatives. De plus, il en restait encore trois à l'issue des deux premières manches finales en blitz, d’où la nécessité d’un départage sous forme de mort subite.

De ce fait et sur ce plan également, plusieurs des joueurs concernés ont émis le désir que les instances de la FISF réfléchissent à un durcissement de la compétition, notamment lors du championnat du monde par paires.

Ce sujet a été soumis à la Commission des classements et tournois qui, au terme de consultations et autres réflexions, soumettra probablement un projet lors de la prochaine séance du Comité directeur de la FISF qui se tiendra à Aix-les-Bains, le 6 novembre prochain.

J’espère que ces explications sont suffisamment claires pour mettre fin à cette polémique et, dans l’attente d’une prochaine rencontre, je vous adresse, à toutes et tous, mes plus cordiales salutations.

Patrice Jeanneret, président de la FISF.