Articles du blog du Rallye des Mots.

Mini-Rallye des Mots Tchad-Cameroun (21 février – 10 mars)

Nouakchott, 12 février 2009

Oui, je sais, il n’y a plus de photos. Ceux qui me lisent avec attention, et ceux là seulement ( !),  savent que mon appareil ne fonctionne plus, que l’objectif est bloqué par du sable. Ici, en Mauritanie, cela paraît irrémédiable, et un simple photographe se refuse à ouvrir l’appareil. L’ordi lui, (je vous donne des nouvelles de mes plus fidèles compagnons !), refuse ce matin absolument de démarrer lui aussi. Bref…

 

Nous avons rendez-vous aujourd’hui avec un maire d’arrondissement de la ville de Nouakchott, ainsi qu’avec l’Alliance franco-mauritanienne. Ces rendez-vous sont-ils vraiment fixés ? Comment s’appellent nos interlocuteurs ? Où les rencontrons-nous ? Quel membre de la fédération mauritanienne sera avec moi ? Que dois-je précisément leur demander ? Autant de questions dont il vaut mieux ne pas attendre la réponse !

 

Tout s’est décidé par bouche à oreille je pense. Personne n’a de rendez-vous vraiment fixé. C’est le frère d’untel qui a en parlé à untel. Il faut au dernier moment faire appel aux responsables de la fédération mauritanienne pour sonner l’alerte, le secrétaire général récemment élu et le vice président qui était précédemment président. L’un dit qu’il vient tout de suite, et on ne le verra jamais. L’autre a un problème de puce de téléphone, et est injoignable. Allez Nadine, débrouille toi ! Nouvelle colère de ma part. Ce type de rencontre ne sert à rien si personne n’est  là pour représenter la fédération et donc, à fortiori, pour faire le suivi du rendez-vous. C’est comme si je voulais rencontrer ces gens pour mon compte personnel ! Pour ma part, je m’en fiche bien moi des autorités mauritaniennes, non ?

 

Moulaye lui, me suit toujours. Mais Moulaye n’est pas à la tête de la fédé mauritanienne, et pas même scrabbleur. Il a longtemps fait partie de la fédération mauritanienne de jeu de boules, et connaît bien le type de difficultés auquel je suis confrontée. Il fait appel à son ami Keba, ancien trésorier devenu Secrétaire général adjoint, qui vient avec nous, un peu par gentillesse… Il est si gentil Keba ! Si généreux ! Mais au combien brouillon, chef d’entreprise gérant tout à la fois, accroché sans cesse à un téléphone portable, voire deux. Il ne faut pas compter sur lui pour structurer la fédération mauritanienne. Pourtant, les personnes qui nous reçoivent sont très ouvertes à notre activité, et tout à fait prêtes à nous aider : proposition de locaux pour un siège et pour un club, soutien financier possible de championnat national, etc. Encore faudrait-il que quelqu’un de sérieux vienne les voir avec un programme d’activités concret et des demandes précises de soutien…

 

La toute nouvelle fédération mauritanienne risque d’être très décevante dans ces conditions. Les nouveaux membres élus ne semblent pas se montrer beaucoup plus dynamiques que leurs prédécesseurs, Ely mis à part. Mais tout ne peut pas reposer sur un seul homme. Ce sera le sens de mon discours ce soir à la soirée de clôture qui s’annonce.

 

Et oui ! C’est la fin de l’épisode mauritanien de ce Rallye des Mots 2009 ! Demain matin je pars pour le Sénégal où je suis censée rencontrer le président de la fédération sénégalaise. Je n’ai aucune nouvelle de lui… Silence radio depuis une quinzaine de jours. Une assemblée générale devrait avoir lieu le 21 février, et la fisf m’a demandée d’y être présente, ce qui m’oblige à un aller-retour du Cap vert. Je veux bien, mais si cela sert à quelque chose. Si la fédé sénégalaise répond à la demande d’invitation. Si la date est confirmée. Si… Si… Surtout ne pas vouloir anticiper les choses ici en Afrique. C’est comme si demain était très loin, ou pire, si demain risquait de ne pas exister. Alors le travail avec la fédération sénégalaise, se fera, Inch Allah, ou ne se fera pas, Inch Allah aussi !

 

La soirée de clôture préparée par les mauritaniens consiste en un tournoi classique qui a lieu salle de la mairie. Je parviens en finale avec mon partenaire, le plus vieux des scrabbleurs de Nouakchott, mais ne gagne pas, victime d’une erreur de stratégie de dernière minute. Car je préfèrerais sans doute toujours jouer JAS pour 26 points que OSA pour 14, alors que cette dernière solution aurait évité à nos adversaires de scrabbler en fin de partie ! Pas grave. Nous dînons d’un vrai festin sur une natte posée dans la cour à même le sol. Deux moutons sont préparés en méchoui et Keba a prévu pour moi un thiof au four !

 

Voilà le fin de cet épisode du Rallye des Mots 2009. Je reviendrai sûrement en Mauritanie !

EN 2009, l’opération RALLYE DES MOTS CONTINUE !

L’opération Rallye des Mots lancée par la Fisf en  2008 et conduite sur le terrain par Nadine Maillol a connu un énorme succès au Bénin, Togo, Cameroun, Burkina Faso et Mali, succès dont tous les africains présents au championnat du monde de Dakar nous ont largement fait part.

 

Dans tous les pays concernés, la venue de la FISF sur le terrain, la dotation en matériel dont elle s’est accompagnée, ont permis de véritables avancées des fédérations ou associations de Scrabble africaines.

 

Partout ont été organisées des rencontres avec les autorités des pays : Ministères de l’Education Nationale, de la Culture, de la Jeunesse et des Sports, ainsi que des rencontres avec les principaux interlocuteurs de la Francophonie : OIF et services culturels d’ambassades. Ces contacts ont permis de nouer des relations que nous espérons durables, et qui devraient considérablement aider au développement du Scrabble dans chaque pays.

 

Les associations ou fédérations de Scrabble africaines ont par ailleurs trouvé sur le terrain l’appui qui leur était nécessaire pour mieux s’organiser : réunification de tendances au sein d’une même fédération, diagnostic des dysfonctionnements, aide à la mise en place d’un organigramme, formations à l’animation en milieu scolaire et aux tournois en duplicate, etc.

 

Forte de ce succès, la FISF a décidé de poursuivre l’opération cette année, sous une forme la plus modeste possible compte tenu des contraintes budgétaires actuelles. Elle a confié un nouveau mandat à Nadine Beraha-Maillol pour conduire le projet 2009.

 

Il s’agit en 2009 :
-         de lancer l’opération dans un nouveau pays : la Mauritanie,

 

-         de poursuivre l’opération commencée avec la Guinée et la Côte d’Ivoire, qui ont reçu du matériel en 2008 mais n’ont pas été visitées sur le terrain,

 

-         de travailler activement à la mise en place du nouveau bureau africain au sein de la FISF, par des rencontres de travail avec N’Dongo Samba au Sénégal qui assume la responsabilité de ce bureau et doit s’emparer de toutes les données recueillies sur le terrain en 2008.

 

La tournée 2009 suit donc l’itinéraire suivant :

 

-         départ de Paris le 24 janvier,
-         8 jours de travail et 8 jours  tourisme en Mauritanie du 25 janvier au 12 février,
-         3 jours de travail et 8 jours de tourisme au Sénégal, du 13 au 23 février
-         8 jours de travail et 8 jours de tourisme en Guinée, du 24 février au 10 mars,
-         8 jours de travail 8 jours de tourisme en Côte d’Ivoire, du 11 au 25 mars.

 

L’opération  fera l’objet comme en 2008 d’un blog que vous pourrez suivre sur le site de la FISF. Nous savons que vous avez été nombreux à nous lire et à nous apprécier l’an dernier !

 

Enfin, il faut savoir que nous recherchons activement des dons en matériel pour la Mauritanie en particulier. Tout ce que vous pouvez donner en termes d’ouvrages de Scrabble, de matériel de jeu et d’outils informatiques (surtout des ordinateurs portables en état de marche dont vous n’auriez plus l’usage), est vraiment bienvenu !

 

Pour vos dons, vous pouvez vous mettre directement en rapport avec Nadine Maillol : 00 33 6 07 79 85 10 ou Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.

 

A très bientôt donc sur le site FISF pour le premier article du Rallye des Mots 2009 !

Nouakchott, 11 février 2009

Le tournoi duplicate du 10 au soir avec les scrabbleurs de Zérouate n’est pas un franc succès, puisqu’il ne réunit que 7 personnes. Il faut attendre une heure pour que les quelques joueurs soient en place. Ici, comme partout en Afrique, l’heure ce n’est pas l’heure ! Ce genre de situation me rend furieuse… Mais il faut bien s’y faire, et l’accepter.

Pas plus en Mauritanie que dans les autres pays que j’ai visités, la rigueur n’est au rendez-vous. Il faut donc imposer avec beaucoup d’autorité, non seulement le respect des horaires mais toute la procédure du duplicate. C’est un véritable tour de force pour un juge arbitre ! Cette forme de jeu n’est pas tout à fait adaptée à la culture des africains, et ce n’est pas par hasard qu’ils éprouvent des difficultés à s’y mettre. Il faut une attention soutenue, un respect des rythmes de la partie, savoir se taire et se concentrer, oublier le voisin, ne pas réagir outre mesure au coup qui vient de se jouer ou à ce qui se passe autour de soi, se refuser à l’à peu près, rédiger un bulletin clair et complet, etc. Mes 7 joueurs y parviendront cependant, après que j’impose les règles avec force, tout en craignant de me faire détester !

Le moins bon d’entre eux atteindra 30%. Le meilleur sera à 80%. Des scores très en deçà de ceux des joueurs de la coupe de la Fédération de Cannes, dont nous rejouons la partie 3. Mais je note toutefois une amélioration assez rapide de la rédaction des bulletins et de la concentration. Parmi les 7 joueurs 6 découvrent la formule duplicate. J’espère leur avoir inoculé le virus !

Alors qu’il est 23h30, il faut encore aller dîner. On nous attend chez l’oncle d’Ely. L’animation de la partie m’a fatiguée, mais je dois accepter. Mes hôtes ont fait venir deux jeunes filles pour me mettre du henné. C’est la coutume qui signifie qu’on entre dans une famille. Une coutume dont je me serais bien passée, car non seulement cela ne finit pas avant une heure du matin, mais aussi parce que je me retrouve les bouts des ongles noirs et rouges avec cette teinture qui ne partira pas avant je ne sais combien de semaines. Je dois me battre contre tout le monde pour que cela se limite à la main gauche au risque de vexer mes hôtes gravement. Et « tout le monde » trouve le résultat ravissant ! J’ai l’intérieur et l’extérieur des mains pleins de petits motifs qui, pour ma part, m’évoquent une sorte de varicelle et le pourtour de l’ongle noirâtre, moi qui prend tant de soins à le garder blanc, malgré les difficiles conditions d’hygiène du voyage !

Ouf ! Me voilà tardivement libérée. Je peux regagner mon hôtel. Mais la clef de ma chambre refuse d’ouvrir la serrure, déjà très délabrée je dois dire, et deux hommes tentent de le faire pour moi sans succès. Après une heure d’attente dans les couloirs mal éclairés de l’hôtel, tandis que mes deux hommes s’affairent avec des couteaux, des barres de fer, des tourne-vis, etc. la porte cède enfin, mais ne peut plus se refermer ! Il faut que je déménage toutes mes affaires pour changer de chambre et ce petit manège ne me permettra pas de dormir avant 2H30 du matin.

Lever 7 heures, pour un départ prévu à 8. La route Zouérate-Nouakchott est très longue. Il faut s’imaginer une distance comme Paris-Marseille, dont la moitié se parcourrait par la plage ! Malgré mon manque de sommeil, et en me faisant vraiment violence, je parviens à être prête à l’heure. Pour attendre l’arrivée de notre voiture qui a… une heure de retard ! Tout devait pourtant être prêt la veille, le chauffeur n’ayant rien eu à faire de toute la journée.  Je suis de très mauvaise humeur et furieuse contre Moulaye, contre Salek. Ces deux là ne savent pas ce que le sommeil veut dire pour moi, à quel point il est vital et ce que me coûte de m’en priver d’une heure !

Puis, c’est la route en sens inverse de la piste déjà décrite plus haut maintes fois. Au fur et à mesure que je vois défiler ce paysage merveilleux je m’interroge sur ce que je pourrais rajouter à ma description. On peut parler des balises tous les kilomètres et que l’on voit de loin. Heureusement qu’elles sont là pour rassurer qu’on a pris la bonne direction, car les pistes sont multiples et pleines de diverticules. On peut parler de la drôle d’habitude de Salek de freiner et de klaxonner quand il voit un oiseau ! Heureusement qu’ils sont fort peu nombreux ici. Parler de ces mini tassilis que l’on traverse, fragments de montagne isolés au milieu des sables, tels des îlots. De la chaleur aussi. C’est la première fois que j’ai vraiment très chaud, et que je dois me rafraîchir avec de l’eau tandis que tout le monde fait ses ablutions pour la prière de 14 heures. Raconter aussi la perte du téléphone portable de Moulaye sur le trajet aller, et notre recherche pour retrouver l’endroit où ils s’étaient alors arrêtés, une sorte de bande rocheuse au milieu du sable. Autant chercher une aiguille dans une botte de foin ! Des roches ici au milieu des sables il y en a des millions partout. Ce sera donc en vain.

Je manque vraiment de sommeil et parviens sur la partie goudronnée de la route à sommeiller un peu. Nous climatisons la voiture pour la première fois.  L’arrivée à Nouakchott s’effectue à 21h30, et mon lit est vraiment bienvenu. Je dois dire au revoir à Salek car je ne le reverrai pas. C’était un très bon chauffeur et un garçon discret et agréable fabriquant un thé excellent. Je referais volontiers appel à lui si je devais revenir ici.

Je monte dans ma chambre mes bagages littéralement couverts de sable et de poussière et m’écroule après avoir donné mon linge sale, bagages compris, à la réception de l’hôtel, pour pouvoir repartir après demain sur le Sénégal.

Zouerate, 10 février 2009

La piste d’Atar à Zerouate est une véritable merveille. Elle longe les montagnes et s’étend sur 300 kilomètres de pur bonheur, que je parcours dans le 4X4 d’Ely qui nous a rejoints hier soir, après avoir assisté à Nouakchott à la fameuse réunion de préparation de la semaine de la francophonie. Le scrabble sera présent en Mauritanie dans le cadre de cet évènement pour la première fois.

Comment décrire à nouveau ces paysages sans me répéter ? Je ne le peux pas. Je manque de talent. Mais je répète ma joie à voir ainsi défiler les sables, rougir les montagnes avec le soir, se voiler la piste sous les nuées poussées par le vent, pousser de façon inattendue un peu de verdure que paissent des troupeaux de chameaux, et même quelques petites fleurs jaunes odorantes, se dessiner au loin la forme d’un guelb (formation rocheuse au milieu des sables) dont on s’approche peu à peu, rencontrer quelques baraques de tôle ondulée peintes de façon multicolore, croiser un chamelier qui progresse lentement et tout seul dans l’immensité, sentir la voiture qui danse dans les sols mous, m’accrocher fort à la poignée pour amortir les cahots, voir loin, toujours plus loin, le désert, le néant, que sait se réserver notre planète dans ces contrées.

Nous nous arrêtons pour le déjeuner près d’une de ces huttes construites à proximité d’un petit chantier de forage. Il fait très chaud sous le soleil de 14 heures. Nous y rencontrons les passagers d’un autre véhicule qui nous confient une dame et un jeune garçon, sarahouis tous les deux. Nous sommes en effet à la frontière du Sahara Occidental, et devrons même en franchir un petit bout que traverse la piste. Ce drôle de pays, autrefois occupé par les espagnols, dont les habitants parlent toujours la langue, et qui, après leur départ, est convoité par les marocains et les mauritaniens qui s’en disputent l’appartenance. L’Algérie aussi aimerait bien un petit morceau de ce territoire totalement désert, pour avoir un accès à l’Atlantique. Quant au peuple sarahoui lui-même, auquel personne ne demande son avis, il a du entrer en lutte armée le Polisario à sa tête, pour défendre son identité et sa terre.

Il ne fait pas bon s’aventurer au Sahara Occidental à travers lequel passe maintenant une route goudronnée reliant le Maroc à la Mauritanie. La route est minée de part et d’autre, et il est absolument déconseillé de descendre de son véhicule, sous peine de sauter sur une mine. Généralement, les voitures circulent en convoi. Quant à ceux qui s’aventurent hors de cette route, qui tentent par exemple de rejoindre l’Atlantique depuis l’intérieur et le nord de la Mauritanie, ils se retrouvent dans un désert terrible où ils se perdent. Un mauritanien et ses deux enfants sont ainsi morts de soif il y a deux ans après s’être égarés sur une de ces pistes.

Aucune communication n’est vraiment possible avec Madame Sarahoui qui parle le hassanya, peut-être un peu d’arabe et d’espagnol. Tant pis !

Le véhicule file bon train à travers toutes sortes de terrain, dont quelques kilomètres de goudron récemment construits pour faciliter le passage sur une zone sableuse parsemée de petites buttes où poussent des bouquets d’oyats. A plusieurs reprises, nous croiserons ce train incroyable, le plus long et le plus lourd du monde, chargé de son minerai, image totalement surréaliste au milieu du désert. Des gens sont parfois assis au dessus du fer avec des bêtes. Ils peuvent ainsi voyager gratuitement, mais à leurs risques et périls et en respirant la terrible poussière du fer ! Il nous faudra 6 à 7 heures pour parcourir les 300 kilomètres nous reliant à Zouérate, la ville de l’extraction du minerai de fer par la SNIM, et qui représente 15% du PIB de la Mauritanie, un véritable pays dans le pays. C’est cette société qui a réservé pour moi une chambre dans un hôtel de Zouerate. Je suis invitée. Merci la SNIM !

Nous avons le temps d’une douche, d’un peu de repos et même d’un peu de maquillage, avant de rencontrer le soir les scrabbleurs du club de la SNIM. Une quinzaine d’hommes en boubous bleus ou blancs, assis sur les tapis d’une grande salle à manger qu’ils occupent totalement. Ce club comporte 35 personnes et fonctionne de façon assez structurée, avec un bureau et des contributions des joueurs aux frais. Présentations réciproques. Plaisanteries bon enfant. Présentation du rallye des mots et de la FISF. Etc. Je recommence mon couplet… Mais si, il paraît que c’est utile ! Mon passage génère un élan et une motivation suivis de développements. Ici aussi il faut créer une ligue régionale, et dépasser le cadre du club de la SNIM qui est cependant très structuré. On joue tous les soirs ! On est véritablement acharnés, sans que se pratique non plus le duplicate. Alors bien sûr, le niveau n’est pas excellent, puisque je parviens à gagner 4 parties de classique.

Je me vois parmi tous ces bonshommes aussi traditionnels que sont les mauritaniens. Ils ont beaucoup d’ouverture d’esprit pour m’accepter, moi femme française avec mes cheveux trop courts pour eux, ma robe qui laisse voir mes jambes ! J’essaie au sol de me tenir de la façon la plus pudique possible mais ce n’est pas facile !

Retour à notre hôtel, un monument de modernisme des années 60 non rénové, qui essaie tout de même de faire bonne figure d’hôtel  à l’occidentale. C’est encore la SNIM qui le possède et le gère. Elle y accueille tous les cadres qui sont de passage. Ely nous permet de visiter les mines d’extraction du fer. C’est un monde minéral absolument titanesque. Les Caterpillar géants sillonnent des pistes creusées à l’intérieur même de la montagne noire excavée. Cette excavation forme un cratère énorme creusé à coups de dynamite que l’on voit stockée à l’entrée dans de grands containers. Tout autour, de véritables montagnes de roches et de pierres : c’est le « stérile », c'est-à-dire le matériau restant après que le fer ait été séparé de la roche concassée dans d’énormes broyeurs puis séparé par d’énormes aimants. Ces montagnes artificielles sont presque aussi hautes que la montagne naturelle qui contient le précieux minerai ! Au sommet du cratère, après avoir gravi un petit monticule de pierres qui rend mes pieds tout gris, on découvre une mer de sable, à l’infini, absolument plate, vierge et à 360° !

Déjeuner de riz au poisson chez un oncle d’Ely où ont dormi cette nuit Moulaye et Salek. C’est bien bon. Puis il est l’heure de préparer le tournoi duplicate de ce soir. J’ai trouvé aux fins fonds de mon sac un pantalon noir tout poussiéreux mais qui me permettra d’éviter la robe trop courte d’hier !

Il y a très longtemps que je n’ai pas de nouvelles du monde. Et bien, le monde tourne parfaitement sans moi, et moi sans lui ! Même quand je tourne autour de lui !